Jean Humbert
Enseigner?
Tout professeur devrait être un maître de la joie à l'âme ardente, féru de sa discipline et apte à en communiquer le feu sacré. "Il faut que nous brûlions pour que nos élèves aient chaud", selon l'évocatrice formule d'un mien collègue...
Il faut de surcroît - avancé-je une lapalissade - se méfier de la tentation de la facilité et pour échapper à l' "influence anesthésiante de l'habitude" (dixit Proust), incessamment combattre ce monstre qui dévore tout : l'accoutumance routinière et paresseuse. Je n'ai, quant à moi, jamais succombé au vertige de la vitesse ni à la hantise du programme. Je me suis toujours hâté lentement, soucieux d'élaguer et choisir - "Enseigner c'est avant tout choisir" - de "faire entrevoir plutôt qu'imposer, d'appâter au lieu de gaver "... octroyant au dialogue et à la répétition une importance cardinale.
J. Humbert, "Post-scriptum à une vie d'enseignement", dans : Jean Humbert & Paul Thierrin, Post-scriptum, Editions du Panorama, 1992, p. 17-18.
Au temps des déclarations d'impôt... l'origine surprise du mot budget...
BUDGET. - Ce mot, apparemment équipé à l'anglaise, est bien nôtre, comme d'ailleurs sport, tennis, tunnel, jockey, voir challenge et manager. C'est un vocable médiéval bougette, d'origine celtique et signifiant "petit sac, bourse". Prononcé à l'anglaise, bougette devient "boudgette", d'où budget. Par fausse analogie avec objet, projet, rejet, sujet, on est tenté d'orthographier budget avec un j au lieu d'un g. On évitera aisément cette faute si l'on songe à l'étymologie de ce terme bien français.
Jean Humbert, Au service de notre langue, Editions du Panorama, Bienne, 1954, p. 40.